Monday 16 November 2009

US universal healthcare

The United States of America might just be on the path to real democracy!
If the US Senate does actually pass the bill on the universal healthcare reform, like the House of Representatives did, the "most powerful nation on earth" (as they seem to think of themselves) will be one step closer to true democracy.
With this reform, 36 million more americans will have access to affordable healthcare, making it truly "historic".
A real positive legacy of the Obama first presidency (yes, I believe and hope he will be president for another 7 years).
But this is wishful thinking...
The odds are that, the Senate will change this bill so much it will lose all its meaning and/or the insurance lobby and shadow body will team up with other dissatisfied corporate crooks (NRA, military-industrial complex, and basically all the scum that have had a free hand to destroy and loot everything they could lay their greedy hands on for 8 years) to take out Obama, whether physically (like they did with Kennedy) or psychologically (like they did with Clinton)...
So let's hope the forces of corporate greed, religious extremism and social disharmony will not be successful in preventing this giant step towards a more human and sociably fair state!
Yes they can

Monday 9 November 2009

triste anniversaire...

lundi 2 novembre 2009, par Alain Gresh

Il y a 92 ans, le 2 novembre 1917, le gouvernement britannique adoptait la déclaration Balfour, un texte qui est à l’origine du conflit palestinien. Pour en comprendre les enjeux, voici un extrait du chapitre 2 de Israël-Palestine, vérités sur un conflit (Fayard, 2001 et 2007).

Le conflit se noue (1917-1939)

Un monde s’effondre. La première guerre mondiale entre dans sa dernière année. Des empires séculaires, celui des Ottomans – le turc –, l’empire austro-hongrois, n’y survivront pas. La Russie tsariste est déjà morte et les bolcheviks s’apprêtent à prendre le Palais d’hiver et à instaurer un régime dont la durée de vie coïncidera avec ce que les livres d’histoire désignent comme le XXe siècle. Nous sommes le 2 novembre 1917 et lord Arthur James Balfour, ministre du puissant empire britannique, met la dernière touche à sa lettre. Hésite-t-il un instant à y apposer son paraphe ? Est-il saisi d’une sombre prémonition ? Sans doute pas, car le texte, plus connu sous le nom de « déclaration Balfour », a été longuement débattu par le gouvernement de Sa Majesté. Celui-ci déclare qu’il « envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif ». La déclaration qui, dans une première version, évoquait « la race juive », précise que, pour la réalisation de cet objectif, « rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays ». Comment créer un foyer national juif sans affecter les populations locales arabes ? Cette contradiction, la Grande-Bretagne ne pourra jamais la résoudre et elle sera à l’origine du plus long conflit qu’ait connu le monde contemporain.

La lettre de Balfour est adressée à lord Walter Rothschild, un des représentants du judaïsme britannique, proche des sionistes. Qu’est-ce que le sionisme ? J’y reviendrai dans le prochain chapitre. Bornons-nous pour l’instant à dire que ce mouvement réclame « la renaissance nationale du peuple juif » et son « retour » sur la terre de Palestine. La déclaration Balfour répond à plusieurs préoccupations du gouvernement de Londres. Alors que la guerre s’intensifie sur le continent, il s’agit de se gagner la sympathie des juifs du monde entier, perçus comme disposant d’un pouvoir considérable, souvent occulte. Cette vision, ironie de l’histoire, n’est pas éloignée de celle des pires antisémites qui détectent, partout, « la main des juifs ». Le premier ministre britannique de l’époque évoque dans ses Mémoires la puissance de « la race juive », guidée par ses seuls intérêts financiers, tandis que Lord Balfour lui-même avait été le promoteur, en 1905, d’un projet de loi sur la limitation de l’immigration en Grande-Bretagne, qui visait avant tout les juifs de Russie. Mark Sykes, un des négociateurs des accords qui partagèrent le Proche-Orient en 1916, écrivait à un dirigeant arabe : « Croyez-moi, car je suis sincère lorsque je vous dis que cette race [les juifs], vile et faible, est hégémonique dans le monde entier et qu’on ne peut la vaincre. Des juifs siègent dans chaque gouvernement, dans chaque banque, dans chaque entreprise. »

La déclaration Balfour s’adresse particulièrement aux juifs américains, soupçonnés de sympathie pour l’empire austro-hongrois, et aux juifs de Russie, influencés par les organisations révolutionnaires qui ont renversé le tsar au printemps 1917. Nombreux sont favorables à ce que la Russie signe une paix séparée. Londres espère éviter ce « lâchage ». Balfour évoque même la mission qui serait confiée aux juifs en Palestine : faire que les juifs du monde se comportent « convenablement » ! Ce calcul échouera puisque, dans la nuit du 6 au 7 novembre 1917, les insurgés bolcheviks s’emparent du pouvoir à Petrograd et appellent à la paix immédiate.

Mais la Grande-Bretagne, en confortant le mouvement sioniste, vise un objectif plus stratégique, le contrôle du Proche-Orient. Le dépeçage des vaincus est négocié entre Paris, Londres et Moscou, alors même que la victoire n’est pas acquise. En 1916, sont signés entre Paris et Londres, puis ratifiés par le tsar, les accords connus sous le nom de Sykes-Picot (Mark Sykes et Georges Picot sont deux hauts fonctionnaires, l’un britannique l’autre français) qui définissent les lignes de partage et les zones d’influence au Proche-Orient. Pour Londres, la Palestine « protège » le flanc est du canal de Suez, ligne vitale entre les Indes, le fleuron de l’empire, et la métropole. Le parrainage accordé au sionisme permet au gouvernement britannique d’obtenir un contrôle total sur la Terre sainte.

Mais les Britanniques ne se sont pas contentés de promesses au mouvement sioniste, ils en ont fait aussi aux dirigeants arabes. Le calife ottoman (il exerce son autorité sur les territoires arabes du Proche-Orient et il est « le commandeur des croyants ») s’est joint en 1914 à l’Allemagne et à l’empire austro-hongrois. Il a même lancé un appel à la guerre sainte contre les infidèles. Pour riposter, Londres suscite une révolte des Arabes contre l’empire ottoman, animée par un dirigeant religieux, le chérif Hussein de La Mecque. En échange, Hussein obtient l’engagement britannique d’appuyer l’indépendance des Arabes. Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient... Comment, en effet, concilier l’indépendance arabe et la création d’un foyer national juif ? La révolte arabe deviendra célèbre dans une version bien déformée forgée par un des agents britanniques qui y jouèrent un rôle capital, Thomas E. Lawrence, dit Lawrence d’Arabie. Ce récit, « Les Sept piliers de la sagesse », sera porté au cinéma par David Lean et Peter O’Toole dans le rôle de Lawrence.

Le Proche-Orient sera donc partagé entre la France et la Grande-Bretagne. Créée en 1920, la Société des Nations (SDN), l’ancêtre des Nations unies, ne regroupe alors que quelques dizaines d’Etats, pour l’essentiel européens. Elle invente le système des « mandats » que la charte de la SDN définit comme suit : « Certaines communautés, qui appartenaient autrefois à l’Empire ottoman, ont atteint un degré de développement tel que leur existence comme nations indépendantes peut être reconnue provisoirement, à la condition que les conseils et l’aide d’un mandataire guident leur administration jusqu’au moment où elles seront capables de se conduire seules. » Ainsi des peuples considérés comme « mineurs », auraient besoin de tuteurs pour accéder, un jour peut-être, à la majorité…

Le 24 juillet 1922, la SDN octroie à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine. Le texte prévoit que la puissance mandataire sera « responsable de la mise à exécution de la déclaration originairement faite le 2 novembre 1917 par le gouvernement britannique et adoptée par [les puissances alliées], en faveur de l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif ». Les fils du chérif Hussein, étroitement contrôlés par Londres, s’installent sur les trônes d’Irak et de Transjordanie (pays créé par les Britanniques à l’Est du Jourdain), tandis que les territoires libanais et syrien tombent dans l’escarcelle de la France. L’Egypte, formellement indépendante depuis 1922, reste sous occupation britannique.

Tous les acteurs du drame palestinien sont en place : la puissance dominante, la Grande-Bretagne, qui souhaite maintenir son contrôle sur une région stratégique, riche en pétrole dont le rôle économique et militaire grandit ; le mouvement sioniste, fort de son premier grand succès diplomatique, et qui organise l’immigration en Palestine ; les Arabes de Palestine, que l’on ne désigne pas encore sous le nom de Palestiniens, et qui commencent à se mobiliser contre la déclaration Balfour ; enfin, les pays arabes, pour la plupart sous influence britannique et qui vont s’impliquer graduellement dans les affaires palestiniennes.

Friday 6 November 2009

article sur les attentats a Madrid et Londres _ source : Le reseau Voltaire

Attentats de Madrid : l’hypothèse atlantiste
par Mathieu Miquel


Après les attentats de Madrid (2004) comme après ceux de Londres (2005), la Justice a écarté la thèse Al-Qaida et soutenu que les crimes avaient été perpétrés par des terroristes islamistes autonomes. Une moitié de la presse espagnole a contesté ce verdict et exploré diverses pistes intérieures. Mathieu Miquel, qui avait retracé les événements, l’enquête judiciaire et le procès dans un précédent article, étudie ici l’hypothèse d’une opération des réseaux stay-behind de l’OTAN.

6 novembre 2009

Thèmes
Guerre globale au « terrorisme »


Cet article est la suite de « 11 mars 2004 à Madrid : était-ce vraiment un attentat islamiste ? »

Tout porte à croire que la version officielle de l’attentat du 11 mars 2004 à Madrid, selon laquelle il s’agirait d’un attentat islamiste sans lien avec Al-Qaïda, est une mystification [1]. Se pose alors la question des véritables coupables. Une enquête sérieuse devrait adopter une démarche systématique : dresser la liste exhaustive des pistes, puis suivre chacune d’elles en cherchant indices et mobiles. L’objet de cet article est d’examiner l’une de ces hypothèses : celle d’une opération montée sous faux drapeau par des services secrets atlantistes. Avant cela, présentons brièvement l’ensemble des pistes qui devraient être explorées si l’enquête était rouverte.

Le grand public connaît généralement deux hypothèses sur les auteurs de l’attentat : Al Qaeda, incriminé par le discours dominant, et ETA, que José Maria Aznar aurait accusé pour justifier de sa politique basque. Les journalistes espagnols ont exploré au moins quatre autres pistes, portant sur des services secrets qui auraient monté l’opération sous faux drapeaux. Les six hypothèses sont donc les suivantes :

- 1. Des islamistes : C’est la thèse retenue par tous les médias dominants, à l’exception de quelques uns en Espagne comme El Mundo. En français, le principal livre disponible au sujet de l’attentat La Manipulation : Madrid, 11 mars reprend ce point de vue [2]. Notons que son auteur, Jean Chalvidant, est membre du comité éditorial de la revue néo-conservatrice Le Meilleur des mondes [3], explicitement créée en lien avec la Foundation for the Defense of Democracies [4]pour servir de porte-voix aux néo-conservateurs en France et contrer l’influence du Réseau Voltaire et de ses amis [5]. Malgré toutes les incohérences qu’on a exposées dans l’article précédent, cette thèse a été entérinée par la Justice. Il faut souligner qu’il existe un décalage sur deux points importants entre les conclusions de la Justice et l’idée généralement admise dans l’opinion publique. Premièrement le commando n’a pas de lien avec Al Qaeda [6]. Et deuxièmement l’attentat n’a pas été commis en représailles à la participation de l’Espagne à l’invasion de l’Irak, puisque les préparatifs lui sont antérieurs.

- 2. ETA : Après 30 ans de terrorisme et plusieurs centaines de victimes, l’organisation indépendantiste basque était donnée moribonde suite à des années de coups de filets policiers. Elle est cependant apparue comme le coupable habituel et était condamnée en « une » des quotidiens et des journaux télévisés, avant que les éléments pointant vers un attentat islamiste ne prennent le pas sur cette piste. L’arrivée au pouvoir de José Luis Zapatero, plus favorable à l’autonomie des provinces espagnoles, aurait pu être l’objectif de l’attentat.

- 3. Les services secrets marocains : La majorité des inculpés ont la nationalité marocaine. Or les relations hispano-marocaines ont connu plusieurs épisodes d’extrême tension, le dernier en date étant la dispute de la souveraineté de l’îlot Persil en 2002, qui a impliqué les troupes des deux côtés. La chute d’Aznar au profit de Zapatero, jugé plus conciliant et opportunément brouillé avec les États-Unis, aurait bénéficié au Maroc.

- 4. Un secteur des services secrets espagnols proche des socialistes : La première conséquence spectaculaire de l’attentat a été l’accession au pouvoir de Zapatero, alors que les sondages le donnaient largement battu. La suspicion qui a entouré la manière dont était menée l’enquête pousse certains journalistes à penser que le plus haut personnage de l’État est derrière ce crime (bien qu’il n’ait pris ses fonctions que 5 semaines après l’attentat). C’est vers cette thèse hautement subversive que penche à demi-mot Luis del Pino, qui est l’une des références de l’investigation journalistique sur cet attentat, avec le journaliste d’El Mundo Fernando Mugica [7].

- 5. Des services secrets opposés à la « coalition des volontaires » intervenue en Irak : La seconde conséquence spectaculaire des attentats est le retrait des troupes espagnoles d’Irak, promesse de Zapatero lors d’une élection qu’il ne s’attendait vraisemblablement pas à gagner. Or ce retrait apparaît comme un revers pour la « coalition des volontaires », même si on verra qu’il est plus symbolique qu’effectif. Certains investigateurs suspectent donc les puissances opposées à cette coalition sous hégémonie états-unienne, comme la « vieille Europe » franco-allemande, la Russie ou la Chine [8].

- 6. Des services secrets partisans de la « guerre au terrorisme » : Ils auraient bénéficié du soutien d’un secteur de l’appareil d’État espagnol, au moins au moment d’orienter l’enquête dans une autre direction. C’est sur cette thèse, également défendue par le journaliste Bruno Cardeñosa [9], que nous allons nous centrer dans la suite de cet article, en commençant par exposer les indices qui relient l’attentat aux États-Unis, dont le gouvernement était le principal promoteur de la doctrine de « guerre au terrorisme ».
Les faits : l’implication d’un service secret militaire

Le sac de Vallecas et les empreintes dans la Kangoo : des pièces à conviction, falsifiées par des éléments de l’appareil d’État, qui suggèrent un lien outre-Atlantique

Un premier lien entre l’attentat et les États-Unis apparaît fin mars 2004 avec une mystérieuse photo de la bombe du sac de Vallecas. C’est le seul cliché connu à ce jour de la pièce centrale de l’enquête, objet de tant de controverse. Dans la nuit du 11 au 12 mars 2004 un agent de la police scientifique s’était rendu sur les lieux où les démineurs désactivaient la bombe de Vallecas, afin d’en réaliser un reportage photographique conformément à la procédure. La bombe n’étant pas encore neutralisée, il resta à distance, confia son appareil à un démineur et aperçut plusieurs flashs. Une fois l’engin désactivé il tenta de s’en approcher avec son appareil mais à son grand étonnement les démineurs lui en barrèrent l’accès. Puis un haut fonctionnaire de la police lui demanda de leur remettre la pellicule, dont on n’a depuis plus aucune trace [10].

En ce mois de mars 2004 aucune photo de la bombe de Vallecas n’était donc parue. Ce flou était renforcé par les explications contradictoires avancées par les médias sur la non explosion de la bombe. On a dit que les terroristes avaient oublié d’activer la carte SIM, puis qu’ils s’étaient trompés en programmant l’explosion à 7 heures 30 du soir et non du matin, ou encore que la puissance électrique fournie par le téléphone était insuffisante pour la déclencher, versions toutes démenties par la suite. L’explication la plus rocambolesque était celle qui était alors avancée pour l’arrestation de Jamal Zougam, le seul poseur de bombe supposé qui ait été incarcéré. La coque du téléphone aurait été ébréchée et la petite pièce de plastique manquante aurait été retrouvée chez lui. Concernant la composition de la bombe, la majorité des médias parlait alors d’un modèle Triumph de Motorola et non d’un Trium de Mitsubishi [11], que retiendra finalement la version officielle.

Le 30 mars la chaîne de télévision états-unienne ABC News diffusa la seule photo de la bombe connue à ce jour, reprise par tous les médias espagnols sans remise en question. Elle venait combler le vide causé par la disparition de la pellicule de la police scientifique, et redonna de la crédibilité à cette preuve gagnée par le flou. Mais le cliché pose de nouvelles questions qui n’ont toujours pas trouvé de réponses. Qui a pris cette photo ? Dans quelles circonstances ? Et pourquoi est-elle apparue aux États-Unis, loin des médias espagnols qui suivaient l’affaire étroitement ? Intrigué, Luis del Pino interrogea les correspondants d’ABC en Espagne, à qui on attribuait le cliché, mais ils nièrent en être les auteurs et ignoraient comment la direction américaine de la chaîne se l’était procuré [12].

Le 6 mai 2004 les regards se tournent à nouveau vers les États-Unis quand Newsweek révèle qu’un avocat états-unien, Brandon Mayfield, a été arrêté dans l’État d’Oregon quelques jours plus tôt. Ses empreintes digitales ont été trouvées sur l’emballage des détonateurs découverts dans la Kangoo que les terroristes sont censés avoir utilisé. Tout au long du mois de mai, et face aux doutes affichés par le New York Times, l’hebdomadaire mentionnera des sources policières assurant de la fiabilité de la preuve. Ainsi le 17 mai, « Un haut responsable du contre-terrorisme US à dit à Newsweek que l’identification de l’empreinte est irréfutable » [13]. Le FBI avait identifié l’empreinte peu après l’attentat et avait alors mis Mayfield sous surveillance. C’est la crainte de fuites dans la presse qui aurait forcé à procéder à une arrestation discrète. Mais coup de théâtre le 20 mai, la police espagnole annonce qu’elle a de son côté identifié l’empreinte comme celle d’Ouhnane Daoud, un Algérien résidant en Espagne. Les autorités US prennent acte et le jour même Mayfield est relâché, avec, fait rare, les excuses publiques du FBI, puis une indemnisation. Quant à Daoud, il est toujours en fuite à ce jour, ce qui empêche d’évaluer la fiabilité de son identification.

Force est de remarquer l’opportunité de l’identification de Daoud, passé inaperçu pendant les 2 mois suivant l’attentat, mais qui est identifié dans les semaines suivant l’arrestation de Mayfield. Le profil de ce dernier éveille également la suspicion. Avocat discret et sans grande activité, converti à l’islam, il avait défendu dans une affaire de droit familial un États-unien accusé par la suite de terrorisme. Mais c’est son lien avec l’armée US qui attire le plus l’attention : Mayfield est officier de réserve après avoir passé 8 ans sous les drapeaux dont une année dans une unité de renseignement [14].

Les deux indices qu’on a évoqués portent sur les deux principales preuves matérielles du dossier : le sac de Vallecas et la Kangoo. Avant de poursuivre notre investigation, ouvrons une parenthèse pour apporter quelques éléments de réflexion à ce qui peut apparaître comme une contradiction. Nous avons vu à quel point les pièces de l’enquête sont bancales : sac de Vallecas, Kangoo, mais aussi témoignages, données téléphoniques, etc. L’observateur est forcément étonné du fait que des protagonistes —quel qu’ils soient— puissent faire preuve d’un tel amateurisme au moment de fabriquer de fausses pistes. Plusieurs investigateurs, dont Luis del Pino [15], ont proposé l’explication suivante à ce paradoxe : le sac de Vallecas et autres preuves auraient été fabriquées précipitamment car « on » avait prévu que l’enquête se base sur les deux bombes non explosées qui ont été trouvées dans les trains ce matin-là. « On » aurait délibérément monté ces deux bombes de manière défectueuse, et « on » leur aurait fait porter des indices soigneusement choisis. Ceux-ci devaient permettre à la police de bâtir une enquête d’apparence solide. Mais de manière inattendue les deux engins ont explosé au cours de la procédure de désactivation des démineurs, détruisant les indices qu’« on » y aurait mis. Pour parer à cet imprévu « on » aurait du improviser les pièces que nous connaissons, d’où leur imperfection. Le sac de Vallecas apparaît ainsi dans un commissariat à l’intérieur d’un lot d’effets personnels pourtant préalablement fouillés, et qui aurait dû se trouver à la morgue comme tout les autres lots. Dans le même temps des éléments accusant les islamistes apparaissent dans la Kangoo une fois qu’elle a été transportée au commissariat, alors que les fouilles sur place n’y avaient rien détecté.

Cette hypothèse des deux « bombes-leurres » est confirmée par les témoignages au procès des démineurs qui ont neutralisé l’une d’elles. Ils ont découvert l’engin sur le quai et non dans le train. Et même si un policier municipal a témoigné avoir trouvé ce sac dans un wagon et l’avoir transporté à cet endroit, il est improbable qu’elle ait été laissée sans surveillance et que les démineurs l’aient « redécouverte » là. Surtout, l’aspect intact du sac contenant la bombe les a fait douter qu’il puisse provenir du train, car tous les objets qui sortaient des wagons portaient des traces dues aux chocs, à la fumée, etc. [16] Ces éléments suggèrent que ce sac a été placé sur le quai peu après les explosions, et non qu’il se trouvait dans le train comme les autres bombes. L’apparente contradiction entre le caractère bancal des pièces de l’enquête et l’implication d’un service secret trouve, avec cette hypothèse, une explication possible.

L’activation et la nature des explosifs : amateurisme ou matériel militaire ?

Poursuivons notre analyse, ajoutons deux éléments qui confirment que l’attentat a été l’œuvre d’une organisation de type militaire et non d’une bande de délinquants. Premièrement les 10 bombes ont vraisemblablement été activées à distance par des systèmes de radiocommande, et n’ont pas été programmées à l’avance avec la fonction réveil de téléphones portables comme le soutient la version officielle. En effet 3 trains ont explosé alors qu’ils étaient à l’arrêt dans les stations d’Atocha, El Pozo et Santa Eugenia, le quatrième explosant en dehors d’Atocha où il attendait le départ du premier train. À moins d’y voir une extraordinaire coïncidence, on peut en conclure que les terroristes voulaient que les bombes sautent dans les gares. Or ce résultat est extrêmement difficile à obtenir en programmant à l’avance l’heure d’activation. D’abord parce que les téléphones portables supposément utilisés ne permettent pas un réglage fin de l’horloge et du réveil : on peut régler les minutes mais pas les secondes. Et ensuite parce que les trains de banlieue ne sont pas rigoureusement ponctuels. En l’occurrence certains trains étaient en retard ce jour-là, celui d’El Pozo avait par exemple « une paire de minutes de retard » selon la déposition de son conducteur [17]. Les explosions n’ont donc pas été programmées à l’avance mais déclenchées « en direct ». Les moyens de radio transmission que cela implique suggèrent une opération sophistiquée, hors de portée de la bande de petits délinquants désignée par la version officielle. Ceci étant, pourquoi voulait-on que les trains explosent dans les stations ? La raison pourrait être qu’ils soient plus facilement et discrètement accessibles, ce qui corroborerait l’hypothèse des deux « bombes-leurres » introduites après les explosions.

Deuxièmement tout porte à croire que les bombes étaient chargées d’explosifs militaires, « qui coupent », et non de dynamite minière, « qui mord », comme on l’a montré dans l’article précédent. Dans l’explication qu’il a donnée au juge d’instruction, le chef des démineurs de Madrid évoque même l’explosif militaire C4 [18]. On rappellera au passage que c’est ce type d’explosif que la police allemande avait intercepté sur des agents états-uniens qui tentaient de l’introduire discrètement au sommet du G8 de juin 2007 [19].

La matrice de l’opération est donc bien militaire, comme le confirma Salvador Ortega, pionnier de la police scientifique en Espagne, interviewé par Bruno Cardeñosa quelques jours après l’attentat. Interrogé sur les aspects non élucidées par l’enquête en cours, il répondit qu’il manquait « certains auteurs matériels et la tête pensante. Parce que derrière ces faits, des éléments très sophistiqués ont participé, qui étaient sans doute sous la direction de quelqu’un des services de renseignement et militaire. Parce qu’en plus ça a été une opération très coûteuse » [20].

CMX 2004 : simulation ou couverture de l’OTAN ?

Ayant démontré que des éléments non-identifiés de l’appareil d’État ont falsifié des pièces à conviction pour orienter l’enquête sur une fausse piste et couvrir une opération de type militaire, il est légitime d’envisager que les attentats de Madrid aient pu être commis par un service secret militaire.

D’après l’ancien officier de renseignement de l’US Army Eric H. May [21], « la façon la plus simple de faire un attentat sous faux drapeau est d’organiser un exercice militaire simulant exactement l’attentat que l’on veut commettre » [22]. Or, comme lors des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et ceux du 7 juillet 2005 à Londres, les attentats de Madrid ont coïncidé avec une simulation d’attaque terroriste [23]. Du 4 au 10 mars 2004, l’OTAN réalisait son exercice de gestion de crise annuel, intitulé CMX 2004 [24], et au matin du 11 mars de vraies bombes explosaient à Madrid.

Le scénario mis au point cette année-là par l’Alliance atlantique était justement une vaste attaque terroriste d’Al Qaeda à travers les pays occidentaux. En Espagne, la présidence du gouvernement, le ministère de la Défense et le CNI (les services secrets) ont pris part à l’exercice. On ne sait cependant pas s’il incluait des manœuvres dans la capitale espagnole car les données qui s’y rapportent sont confidentielles. Dans une des rares évocations de cette simulation dans la presse, El Mundo écrit : « La similitude du scénario élaboré par l’OTAN avec les évènements survenus à Madrid fait froid dans le dos, et elle a impressionné les diplomates, militaires et services de renseignements qui ont participé à l’exercice à peine quelques heures plus tôt » [25]. Les détails de CMX 2004 étant classés, on ne sait malheureusement pas où s’arrête cette similitude.

Le départ précipité d’une importante équipe de la CIA

Une autre coïncidence troublante est l’escale en Espagne d’un des avions clandestins de la CIA. Ces avions ont depuis été rendus célèbres suite au scandale des enlèvements et des prisons secrètes en Europe, utilisés dans le cadre du programme état-unien des « restitutions extraordinaires » [26]. Le Boeing 737 immatriculé N313P atterrit le 9 mars 2004 à l’aéroport de Palma, sur l’île espagnole de Majorque, et en repart le 12 mars, lendemain de l’attentat [27]. Cet appareil est le plus gros utilisé pour ces vols secrets, et le principal avion cité dans le rapport du Conseil de l’Europe de 2006. Palma y est pour sa part décrite comme une « plate-forme charnière de la CIA dans le programme des restitutions » [28]

Primés pour leur enquête sur ces vols de la CIA, des journalistes du quotidien local El Diario de Mallorca furent reçus sur les ondes de la Cadena SER, la radio la plus écoutée d’Espagne. En guise de conclusion à l’interview ils lancèrent : « Le 11 mars 2004 le Boeing 737 de la CIA était à Palma. Le lendemain il est partit précipitamment parce qu’il a modifié son horaire de décollage. Il avait annoncé se rendre en Suède mais il est allé à Bagdad » [29]. À quoi était dû ce décollage précipité, seulement quelques heures après l’épisode de la découverte du fameux sac de Vallecas ? Outre cette hâte, c’est la présence même de l’avion en territoire espagnol au moment de l’attentat qui attire l’attention. Selon la commission du Parlement Européen sur les vols de la CIA, 125 vols secrets de l’agence états-unienne se sont posés sur un aéroport espagnol de 2001 à 2005 [30] (soit une période d’environ 1500 jours). Ces escales étant généralement d’un ou deux jours [31], la simultanéité des deux évènements constitue une coïncidence qui mérite d’être notée.
L’OTAN, un suspect aux lourds antécédents

Dans un pays qui, depuis son retour à la démocratie, a connu plusieurs tentatives de coups d’État militaires, il n’est pas envisageable que les forces nostalgiques du franquisme aient pu mener à bien une opération comme les attentats de Madrid sans être immédiatement démasquées. Il est par contre possible qu’un service secret militaire étranger ait pu ourdir cette opération, et au besoin recruter du personnel dans cette mouvance espagnole toujours sensible au mythe de la Reconquête.

Un rappel historique est ici indispensable. Comme dans toute l’Europe Occidentale, une structure secrète chapeautée par l’OTAN est implantée en Espagne depuis l’après-guerre [32], alors même qu’en raison de son régime politique, cet État n’a rejoint l’Alliance atlantique qu’en 1982. Dans un ouvrage de référence, Les Armées secrètes de l’OTAN [33], l’historien suisse Daniele Ganser décrit ces réseaux, qualifiés de stay-behind (c’est à dire pouvant être activés en arrière de la ligne de front lors d’une occupation ennemie) et connus sous le nom générique de l’unité italienne Gladio (le Glaive). Il établit notamment comment ils ont commis des attentats terroristes sous faux drapeaux dans le cadre de la « stratégie de la tension ». L’objectif était de justifier un renforcement de l’appareil sécuritaire et d’empêcher l’accession par la voie démocratique des communistes au pouvoir en suscitant la peur des « rouges ». L’Espagne jouait « un rôle crucial dans le recrutement des agents du Gladio », et leur servait également de refuge. Elle abrita par exemple Stefano Delle Chiaie, « le plus connu des terroristes membres des armées secrètes qui combattirent le communisme en Europe et dans le monde pendant la Guerre froide », à son actif « un bon millier d’opération sanglantes, dont environ 50 assassinats ». Le réseau agissait « contre les militants communistes et anarchistes, notamment parmi les mineurs des Asturies et les nationalistes catalans et basques » (on retrouve ici le milieu des mines Asturiennes auquel appartient Emilio Trashorras, le principal témoin à charge contre El Chino et sa bande, et par ailleurs indicateur de la police). L’homme de confiance de Franco, l’amiral Carrero Blanco, grand architecte des services secrets, était « son officier de liaison avec la CIA », et l’appareil de renseignement « l’un des meilleurs alliés de la CIA en Europe » [34].

Bien qu’ils aient été conçus pour encadrer la Résistance lors d’une invasion soviétique, rien ne permet de penser que les réseaux stay-behind ont été démantelés depuis l’effondrement du bloc de l’Est. Le commandement US en Europe (EuCom) et l’OTAN maintiennent par ailleurs en Espagne la base navale et de renseignement de Rota et la base aérienne de Moron. Enfin, le commandement Sud de l’OTAN était en train d’installer le quartier général de ses troupes terrestres à Madrid au moment des attentats [35].

Il est à noter que les services secrets de la Navy et de l’Air Force, respectivement le NCIS et l’OSI, ont joui pendant la période qui nous intéresse d’une étonnante liberté d’action en territoire espagnol. En avril 2002 José Maria Aznar et George W. Bush réformaient la convention bilatérale de défense entre leurs deux pays. Cet accord légalisa pour la première fois la présence en Espagne de ces deux services secrets états-uniens, dotés également de prérogatives policières. La rédaction délibérément confuse du texte leur donna une grande marge de manœuvre : « les autorités compétentes des deux pays devront établir les normes régulatrices sur les agissements en Espagne du NCIS et de l’OSI ». En février 2006 « l’affaire Pimienta » mit en évidence l’absence de normes régulatrices. Le NCIS avait enlevé en territoire espagnol Federico Pimienta, déserteur des Marines, sans le moindre contrôle de la part des autorités policières ou judiciaires espagnoles. C’est seulement suite à la polémique engendrée par ce viol flagrant de la souveraineté espagnole que seront rédigées des normes telles que « l’accréditation préalable des membres du NCIS et de l’OSI par les autorités espagnoles » et « la communication préalable aux autorités espagnoles de toute opération » [36].
La recherche du mobile

Dans la cas où l’Alliance atlantique serait impliquée dans des attentats comme ceux de Madrid, la décision stratégique de recourir à l’action secrète aurait dû être avalisée par le Comité de coordination des Alliés dans un but précis. La conception tactique de chaque opération, y compris celle de Madrid, aurait pu être prise par les seuls États-Unis et Royaume-Uni, sans en référer aux Alliés.

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Le général James L. Jones était le suprême commandeur de l’OTAN en 2004. Il est aujourd’hui conseiller de Sécurité nationale du président des États-Unis.
©OTAN

En d’autres termes, si les responsables des services secrets alliés avaient donné leur accord pour une mise en scène de la « guerre au terrorisme », le général James Jones (SACEUR) [37], l’ambassadeur Nicholas Burns (USA) [38] et l’ambassadeur Peter Ricketts (UK) [39] auraient pu décider à l’insu du gouvernement espagnol de frapper Madrid, éventuellement en requérant des éléments de l’appareil d’État espagnol pour réaliser l’opération.

La décision de recourir au terrorisme aurait dû être liée à la stratégie générale de l’Alliance et non pas à des intérêts politiciens, même si des intérêts politiciens immédiats auraient pu fausser l’évaluation de la pertinence d’une opération particulière. De ce point de vue, c’est une erreur que d’interpréter une implication des services secrets atlantiques en fonction des élections législatives espagnoles ou de l’élection présidentielle états-unienne. L’arbre cache la forêt.

L’Alliance s’interdit d’intervenir dans la vie politique des États membres dès lors que les compétiteurs sont tous atlantistes (Parti populaire et socialiste espagnols, Parti républicain et démocrate états-uniens). Sa vision est beaucoup plus large. De plus, il est erroné de considérer comme négatifs pour l’Alliance la perte du pouvoir en Espagne par le Parti populaire (dont Aznar n’avait pas souhaité briguer une nouvelle candidature) et le retrait des troupes espagnoles d’Irak. En effet, le gouvernement socialiste est un partenaire privilégié pour les travaillistes au pouvoir au Royaume-Uni. Une semaine après son élection, Zapatero déclarait que sa « priorité absolue était la lutte contre le terrorisme ». D’autre part le contingent espagnol en Irak n’était que le neuvième en terme d’effectif : 1 300 hommes, soit moins d’1 %de l’ensemble des troupes. En outre, son retrait a été compensé par un engagement accru en Afghanistan.

De nombreux auteurs espagnols se sont interrogés sur les raisons qui ont poussé les terroristes, quels qu’ils soient, à agir lors des élections législatives. Ils ont mit en évidence comment les réactions des protagonistes locaux ont été guidées par leurs intérêts propres. Cependant, cela ne nous renseigne pas sur l’intention des terroristes. Dans le cas où l’opération aurait été commanditée par l’OTAN, le contexte électoral permettait de renforcer la théorie du « clash des civilisations » : des musulmans sans lien avec Al-Qaeda veulent détruire la démocratie et les institutions occidentales. C’est précisément cette version qui a été retenue par la Justice espagnole à propos des attentats de Madrid comme par la Justice britannique à propos des attentats de Londres [40].

Si la décision de mettre en scène un terrorisme islamique a été prise par le Comité de coordination des Alliés, elle aurait pu être mise en œuvre les 15 et 20 novembre 2003 à Istanbul, le 11 mars 2004 à Madrid et le 7 juillet 2005 à Londres [41]. Pour être valide, notre hypothèse devrait pouvoir rendre compte de l’ensemble de ces crimes.

Les objectifs de l’OTAN dans cette période, étaient-ils susceptibles de motiver une telle intervention ?

En 2004, l’Alliance atlantique est en pleine réorganisation. D’un côté, elle semble en expansion : elle s’apprête à accueillir de nouveaux membres ; elle est engagée à stabiliser le Kosovo ; elle assure la sécurité de navigation en Méditerranée et au large de la Corne de l’Afrique ; elle s’est déployée en Afghanistan et commence à le faire en Irak ; elle met sur pied une Force d’intervention rapide, capable de défendre ses intérêts n’importe où dans le monde. De l’autre, elle traverse une grave crise : alors qu’en 2001, pour la première fois de son histoire, ses membres ont offert leur assistance à un des leurs victime, selon eux, d’une agression étrangère, elle s’est déchirée sur le même thème en 2003. La France et la Belgique ont nié que l’Irak représentait une menace terroriste pour les États-Unis, tandis que la Turquie a interdit aux États-Unis d’utiliser son espace aérien et les bases OTAN de Turquie pour attaquer l’Irak.

En pleine croissance l’Alliance est menacée d’éclatement. Ses membres désunis s’engagent « à la carte » en Irak. Le seul moyen de souder les rangs est d’initier de nouvelles actions communes dans la « guerre au terrorisme ».

Le renforcement du contre-terrorisme chez les Alliés


En premier lieu, l’Alliance durcit son contrôle des populations en étendant en Europe les dispositions de l’USA Patriot Act. Le sociologue Jean-Claude Paye décrit de la manière suivante la réaction de l’Union européenne au 11-Mars, dans le chapitre d’introduction de son ouvrage La Fin de l’Etat de droit :

« À l’occasion des attentats du 11 mars 2004 en Espagne, on a vu apparaître sur nos écrans de télévision un ensemble de spécialistes du terrorisme construire un amalgame entre Al-Qaeda, I’ETA et divers réfugiés politiques, faisant du “terrorisme” un terme générique devant se substituer à l’ensemble des situations concrètes.
Une des mesures unanimement réclamée, pour conjurer ce péril multiforme, fut la mise en place immédiate du mandat d’arrêt européen. Le mandat d’arrêt européen permet une remise quasi automatique, par un État membre, d’une personne demandée par une autorité judiciaire d’un autre État membre. Par rapport aux procédures d’extradition ce mandat supprime tous les contrôles politiques et judiciaires portant sur le fond et la légalité de la requête, ainsi que les recours possibles contre celle-ci. La demande est ainsi inconditionnellement satisfaite et légitimée par les autres pays, quelle que soit sa légalité ou sa conformité aux principes d’un état de droit. Le mandat devait entrer en vigueur le premier janvier 2004. Adoptée au niveau de l’Union Européenne et déjà intégrée dans la plupart des législations nationales, cette mesure peinait cependant à se mettre en place. Une des premières conséquences des attentats du 11 Mars est la fin des dernières résistances à l’utilisation de cette procédure ainsi que le renforcement des mesures incontrôlables, prises dans le cadre de la coopération judiciaire et policière entre les pays européens. On peut ainsi craindre une accélération du processus de suspension des garanties constitutionnelles, mis en place au lendemain du 11 Septembre.
Les premières mesures envisagées portent sur le renforcement de la coopération policière et judiciaire. Une "capacité de renseignement" aura pour fonction d’analyser les renseignements fournis par les services secrets et les polices des États membres. Il s’agit également d’adopter des législations permettant aux enquêteurs de plusieurs pays de travailler en équipes communes et de ratifier une convention d’entraide judiciaire en matière pénale. Il est également prévu de favoriser les échanges de données : empreintes digitales et relevés biométriques. Le Conseil des chefs d’État et de gouvernement veut également aboutir avant 2005 à la mise en place de passeports et de cartes d’identité contenant des données telles que la photographie de l’iris de l’œil et les empreintes digitales. Les transporteurs aériens seraient également dans l’obligation de communiquer aux autorités douanières et policières européennes un ensemble d’informations sur leurs passagers. Cette mesure était déjà en cours, au bénéfice des autorités américaines pour les vols transatlantiques.
Ces différentes mesures, tels les passeports ou cartes d’identité avec puce électronique contenant des données biométriques, sont en discussion depuis longtemps. Les attentats sont simplement une occasion de surmonter les résistances à de telles mesures liberticides. Si l’on se réfère aux attentats de Madrid, l’efficacité de ces dispositions est largement aléatoire, puisque les personnes arrêtées étaient installées en Espagne depuis longtemps et ne traversaient pas les frontières. Elles ne pouvaient être repérées par de tels moyens. Par contre, ces dispositions sont parfaitement adéquates à une gestion policière des populations. L’organisation Statewatch a montré que, sur les 57 mesures prévues par le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement des 25 et 26 mars 2004, 27 propositions n’ont rien ou très peu à voir avec le terrorisme. Elles ont pour objet d’assurer la surveillance, non de groupes déterminés, mais de l’ensemble des populations à travers le contrôle des communications » [42].

Jean-Claude Paye montre que ce contrôle des populations se fait au profit d’institutions des États membres de l’Union européenne, mais aussi des États-Unis. « Le développement de la coopération transatlantique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dévoile le caractère organique du droit pénal dans la formation de la structure impériale. L’Union européenne se place sous l’hégémonie américaine en ce qui concerne l’organisation du contrôle des populations. Quant aux États-Unis, leurs exigences portent plutôt sur la capacité de leurs institutions policières ou judiciaires de contourner les structures formelles des pouvoirs exécutifs et judiciaires européens » [43]

L’extension de la « guerre au terrorisme » en Afrique

Le général Jones, suprême commandeur de l’OTAN et par ailleurs patron des forces états-uniennes en Europe (EuCom), s’attèle à créer un commandement ad hoc des forces états-uniennes pour l’Afrique (AfriCom). Pour justifier ce déploiement qui inquiète les Africains, il ne cesse de dénoncer le péril terroriste sur ce continent. Ce même argumentaire servira à engager l’OTAN en Afrique. On observera que, dans cette perspective, l’étrange décision du Tribunal suprême d’attribuer les attentats de Madrid à des terroristes islamistes sans lien avec Al Qaeda fait l’affaire, puisque ces islamistes sont originaires d’Afrique du Nord.

Lors de sa tournée africaine de juillet 2003, le président Bush prévient : « Nous ne laisserons pas les terroristes menacer les peuples africains, ni utiliser l’Afrique comme base pour menacer le monde » [44]. Les responsables américains multiplient les déclarations assurant de l’implantation d’Al Qaeda dans le désert du Sahel, discours mis en doute par de nombreux observateurs. Début mars 2004 c’est le commandant en chef adjoint des forces armées US en Europe (Eucom, qui supervise alors aussi l’Afrique) qui avertit : des membres d’Al Qaeda tentent de s’établir « dans la partie Nord de l’Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan lorsque les talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d’un endroit stable pour s’équiper, s’organiser et recruter de nouveaux membres » [45].

Les 23 et 24 mars 2004, à l’initiative des États-Unis, une réunion sans précédent des chefs d’états-majors de huit pays nord-africains et du Royaume-Uni a lieu au siège de l’EuCom à Stuttgart. À cette époque tous les regards sont tournés vers l’Afrique du Nord et notamment le Maroc, où le GICM (groupe islamique combattant marocain) est suspecté d’être derrière l’attentat de Madrid. Il est décidé de lancer le TSCTP (trans-saharian counterterrorism partnership), ambitieux plan de formation des armées africaines à la lutte anti-terroriste par les États-Unis [46]. Ces plans d’entraînement permettent à ces derniers de mettre le pied sur le sol africain en encadrant discrètement les armées locales. Le choix de cette stratégie de déploiement répond à un besoin de faire baisser les pertes militaires engendrées par les invasions en Afghanistan et en Irak.

L’attentat de Madrid était arrivé à point nommé pour que Washington et Londres imposent le TSCTP aux huit pays africains. Il avait créé un climat d’incertitude, dû notamment à une rumeur qui annonçait le prochain débarquement de l’armée US dans le Nord de l’Afrique, à l’instar des invasions d’Afghanistan et d’Irak. Cette rumeur, qui s’avèrerait fausse, était entretenue par plusieurs journaux espagnols, algériens et marocains [47]. L’important quotidien espagnol La Razon écrivait par exemple le 21 mars 2004 : « Des unités des forces spéciales états-uniennes et des troupes militarisées de la CIA sont attendues dans les prochains jours dans la région du Sahel (Sahara Nord). Elles participeront à la plus grande opération antiterroriste menée par les États-Unis depuis la guerre d’Irak. On prévoit que les combats durent plusieurs semaines. Les armées des pays de la zone, qui ont déjà accepté d’ouvrir leur espace aérien à l’US Air Force, participeront aux combats sous commandement américain (…) Le début de l’opération militaire, décidé à la suite des attentats de Madrid le 11 mars pourrait coïncider avec (...) le 26 mars prochain » [48]. Cette rumeur de débarquement a des airs de manœuvre d’intoxication visant à forcer la main aux dirigeants africains concernant le TSCTP. L’arrivée de formateurs militaires états-uniens et britanniques pouvait en effet apparaitre à leurs yeux comme un moindre mal, en comparaison d’un débarquement de l’armée US dans leurs pays.

Quoi qu’il en soit, l’OTAN en tant que telle n’a pas souhaité s’impliquer dans le TSCTP. Les États membres n’ont consentis à envoyer des troupes en Afrique qu’à partir de 2005, en appui aux opérations de l’Union africaine au Soudan et en Somalie. L’attentat de Madrid, présenté comme une punition d’Aznar pour son implication dans la guerre d’Irak (ce qui fut démenti longtemps après par la Justice), a permis d’intégrer indirectement le conflit irakien dans la « guerre contre le terrorisme » dans la continuation logique du discours mensonger du secrétaire d’État US Colin Powell au conseil de sécurité des Nations Unies [49]. La vague de grands attentats islamiques en Europe s’est quant à elle interrompue avec l’opération avortée de Barcelone, en janvier 2008 [50].
Conclusion

Au terme de cette analyse, nous pouvons affirmer que la décision du Tribunal suprême répond à des exigences politiques et non à la réalité. Des éléments de l’appareil d’État espagnol sont intervenus pour falsifier des pièces à conviction et orienter l’enquête sur une piste fabriquée, celle des islamistes. Les attentats ont été commis par une organisation militaire disposant de complicités dans l’appareil d’État. L’OTAN, dont le passé terroriste est établi, avait le savoir-faire, les moyens logistiques et le mobile pour réaliser cette opération. Elle devrait être considérée comme le suspect principal si une nouvelle enquête judiciaire devait être entreprise.
Mathieu Miquel
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[1] « 11 mars 2004 à Madrid : était-ce vraiment un attentat islamiste ? », par Mathieu Miquel, Réseau Voltaire, 11 octobre 2009.

[2] La Manipulation : Madrid, 11 mars, par Jean Chalvidant, Cheminements éd., 2004. L’auteur a présenté son argumentaire sur son blog.

[3] Site de la revue Le Meilleur des mondes.

[4] « Les trucages de la Foundation for the Defense of Democracies », Réseau Voltaire, 2 février 2005.

[5] Cf. le premier numéro de la revue.

[6] Verdict en appel du procès de l’attentat, pages 581-582.

[7] Fernando Mugica est le précurseur de la critique de la version officielle dans la presse, auteur d’une quarantaine d’articles intitulés « les trous noirs du 11 mars » publiés par El Mundo. S’il n’a jamais dit clairement quelle piste il privilégiait, il écrivit dans son article du 11 mars 2005 intitulé « Las piedras de Pulgarcito » : « Le travail de terrain effectué pour un ami, écrivain à succès, en vu d’un possible roman, m’a amené à enquêter à la fin de l’automne 2003 sur toutes les données entourant l’attentat du 11 septembre aux États-Unis (...) Je ne vais pas révéler mes conclusions sur le 11 septembre, mais je peux affirmer que sans ce travail préalable, les trous [noirs du 11 mars] n’auraient jamais vu le jour. »

[8] Cette thèse est notamment défendue par Ernesto Mila dans son livre 11-M los perros del infierno (Pyre, 2004), dans lequel il donne également un témoignage de l’intérieur des milieux d’extrême droite sur la stratégie de la tension durant la Guerre froide.

[9] Bruno Cardeñosa a également écrit sur les mystifications du 11 septembre, voir « Le 11 septembre, vu d’Espagne », par Sandro Cruz, Réseau Voltaire, 13 septembre 2004.

[10] Témoignage au procès de cet agent de la police scientifique, témoin protégé 17054, 3 mai 2007.

[11] C’est notamment le cas d’El Pais, dans ses éditions du 13, 14, 19 et 24 mars 2004

[12] « Historia de la mochila numero 13 », par Luis del Pino, El Mundo, 19 mars 2006

[13] « An American Connection », par Michael Isikoff, Newsweek, 17 mai 2004

[14] Ibid. et « Arrest in Bombing Inquiry Was Rushed, Officials Say », par Sarah Kershaw et David Johnston, New York Times, 8 mai 2004

[15] Los enigmas del 11M, par Luis Del Pino, (Libroslibres éd, 2006), chapitre 11 « Atando cabos ».

[16] Témoignage au procès d’un de ces démineurs, témoin protégé 54868, 19 mars 2007

[17] Acte d’inculpation du procès de l’attentat, page 4

[18] Acte d’inculpation du procès de l’attentat, page 53.

[19] « La police allemande déjoue une tentative d’attentat états-unienne contre le G8 », Réseau Voltaire, 11 juin 2007

[20] 11-M Claves de una conspiracion, par Bruno Cardeñosa (Espejo de tinta, 2004), page 123.

[21] Son portrait : « Capitaine Eric H. May », par Alan Miller, Réseau Voltaire, 9 juin 2009

[22] « False Flag Prospects, 2008 - Top Three US Target Cities », par Eric H. May, Globalresearch.ca, 23 fevrier 2008

[23] « Attentats de Londres : le même scénario se déroulait simultanément sous forme d’exercice ! » et « Ces exercices de simulations qui facilitent les attentats », Réseau Voltaire, 13 juillet et 13 septembre 2005.

[24] Communiqué de presse de l’OTAN, 1er mars 2004

[25] « La OTAN simuló un atentado en Europa con 200 muertos », par Carlos Segovia, El Mundo, 14 mars 2004

[26] « La CIA "directement responsable" des "restitutions extraordinaires" de prisonniers en Europe, selon les députés européens », Réseau Voltaire, 14 juin 2006

[27] « La investigación halla en los vuelos de la CIA decenas de ocupantes con estatus diplomático », par Andreu Manresa, El Pais, 15 novembre 2005

[28] Allégations de détentions secrètes et de transferts illégaux de détenus concernant des États membres du Conseil de l’Europe, rapport du sénateur Dick Marty au Conseil de l’Europe, Réseau Voltaire, 12 juin 2006. Voir la partie intituéle « La "toile d’araignée" mondiale ».

[29] « El Diario de Mallorca gana el premio Ortega y Gasset de periodismo », Cadena Ser, 12 avril 2006, interview disponible en écoute en ligne

[30] « Un informe de la Eurocámara eleva a 125 los vuelos de la CIA que hicieron escala en España », El Mundo, 15 juin 2006

[31] « La investigación halla en los vuelos de la CIA decenas de ocupantes con estatus diplomático », par Andreu Manresa, El Pais, 15 novembre 2005

[32] « Stay-behind : les réseaux d’ingérence américains », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 août 2001.

[33] Les Armées secrètes de l’OTAN, par Daniele Ganser (Demi-lune, 2007). Ce livre est publié en feuilleton par le Réseau Voltaire.

[34] Les Armées secrètes de l’OTAN, par Daniele Ganser (Demi-lune, 2007), chapitre 7.

[35] Site officiel du CC-Land-Madrid.

[36] « Defensa rechaza que los servicios secretos de EE UU actúen por su cuenta en suelo español », 16 avril 2006, et « España autorizará a los espías de EE UU a actuar bajo supervisión en territorio nacional », 18 fevrier 2007, par Miguel Gonzalez, El Pais.
On notera que, durant la période 2004-08, les États-Unis ont signé de nombreuses conventions avec leurs alliés afin que leurs services secrets puissent agir à leur guise dans ces États. A titre d’exemple pour la France : « La France autorise l’action des services US sur son territoire », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 mars 2004.

[37] Le général Jones, qui a refusé par deux fois de devenir secrétaire d’État adjoint dans l’administration Bush, a été nommé conseiller de sécurité nationale de l’administration Obama.

[38] Aujourd’hui en semi-retraite, l’ambassadeur Burns est au cente d’une polémique : selon des documents rendus publics par le Hamas, il aurait été l’un des principaux organisateurs de l’empoisonnement du président Yasser Arafat.

[39] Peter Ricketts, ancien président du Comité joint du Renseignement, est devenu secrétaire général du Foreign Office.

[40] « Attentats de Londres : le rapport officiel écarte la piste "Al Qaïda" », Réseau Voltaire, 10 avril 2006.

[41] « Londres renoue avec la stratégie de la tension », par Thierry Meyssan ; « Attentats de Londres : Rachid Aswat est un agent britannique », Réseau Voltaire, 13 juillet et 5 septembre 2005

[42] La Fin de l’État de droit, par Jean-Claude Paye (La Dispute, 2004), pages 13 à 15.

[43] Ibid, page 12.

[44] « Activisme militaire de Washington en Afrique », par Pierre Abramovici, Le Monde Diplomatique, juillet 2004

[45] « Enquête sur l’étrange "Ben Laden du Sahara" », par Salima Mellah et Jean-Baptiste Rivoire, Le Monde Diplomatique, février 2005

[46] Présentation du TSCTP sur le site du commandement des forces états-uniennes en Afrique.

[47] Voir notamment les articles « Des soldats US dans le Sahel », par Lounés Guemache dans le quotidien algérien Liberté, 17 mars 2004 ; « EE UU lanza en el Sahara una gran operación antiterrorista tras los atentados del 11-M », par Pedro Canales, La Razon, 21 mars 2004 ; « Les USA se préparent à mener une grande opération contre le terrorisme au sud du Sahara » dans le quotidien marocain Al Ahdath al Maghribiya, 22 mars 2004.

[48] « EE UU lanza en el Sahara una gran operación antiterrorista tras los atentados del 11-M », par Pedro Canales, La Razon, 21 mars 2004

[49] « Discours de M. Powell au Conseil de sécurité de l’ONU », Réseau Voltaire, 11 février 2003.

[50] « Comment la DGSE a déjoué une nouvelle vague d’attentats d’Al-CIA en Europe », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 février 2008.

http://www.voltairenet.org/article162639.html

Tuesday 3 November 2009

Czech leader signs Lisbon Treaty

Well finally, that didn't take him too long...
After countless months of stalling and using up every possible options of rejecting the Lisbon Treaty, the eurosceptic Czech president, Vaclav Klaus, signed the valuable document, hence enabling the EU to function at 27. It will also give "Brussels" a legal personality, a High Representative for Foreign Affairs and a President of the European Council (the equivalent of a European president).
Klaus's last hope of rejecting the Lisbon Treaty was crushed by the Czech constitutional court's ruling that the document was in line with the country's constitution.
"I signed the Lisbon Treaty today at 1500 [1400 GMT]," Mr. Klaus told journalists.

Sunday 1 November 2009

More about Afghanistan in the news

http://www.reuters.com/article/worldNews/idUSTRE59T1YY20091101
So, Karzai's rival quits the election run-off, accusing the government of not meeting demands for a fair vote. And after 8 years of "importing" democracy from the US, it is very clear that this "war on terror" triggered by the September 11 2001 attacks is just a big joke...
The most powerful army on earth was granted an "attack-any-country-and-get-away-with-it" card which it has been using without remorse or restrictions since 911.
You can find an excellent explanation of what the US is doing in Noam Chomsky's 9-11. Seven Stories Press. (ISBN 1-58322-489-0)
And so now, the CIA operative, Hamid Karzai is the only candidate in the elections... very democratic!

Thursday 29 October 2009

no news = good news, but...

Although it seems as if nothing important has happened in the World today and everything is hunky-dory, You shouldn't be fooled, things are as bad as they can get and they sure aren't getting better...
Anyday now the israelis could decide to strike the Iranian nuclear facilities (as they did in 1981 against the Osirak facility in Irak), thus provoking a crisis of cataclysmic proportions: the Iranian army would probably launch most of its long-range arsenal against tel-aviv and other israeli cities (mostly on Dimona, the military nuclear facility) while hoping the Arrow ABM defense system won't catch too many of them. If some Shahab-3 (Iran's long-range missiles) are left, the Iranian Air Force might very well target the oil-producing capability of the Gulf states and I am sure you can guess what will occur.
But that is only one of many pending doomsday scenarios.
We also have the taliban forces in Pakistan threatening to take over the national nuclear arsenal, the H1N1 virus (which I believe is the biggest hoax and commercial trick of the XXI century) and the catastrophic effects of global warming.
But the big news on BBC today was the alleged recovery of the US economy... yey!

Wednesday 28 October 2009

first analysis of news

Six U.N. foreign staff killed in attack in Kabul
very sad news indeed, but unfortunately not surprising. First of all, I would like to state clearly that I consider any attack against UN personnel (or any international organization) as unacceptable and criminal.
But as I said, anyone with a minimum of knowledge as to the (complex) history of Afghanistan can understand the reasons behind this attack. It is yet another reminder of how low the Reagan administration was ready to sink and how immoral the actions of the CIA were during the Cold War when the "free world" fought against the "evil empire"...
Thus were created the Mujahedeen, and subsequently (with training and supervision from the US) Al Qaeda, the major blowback of the CIA (special activities division), the breeding ground for the rise to power of the Taliban and the main cause of turmoil in Afghanistan, Pakistan and Iran today.
The presence of foreign troops is probably the main reason for the ever-growing number of "fanatic terrorist" (once called freedom-fighters). But let us not forget that the president of Afghanistan, Hamid Karzai, is also an old operative of the CIA who might be turning against his buddies.
All in all, the situation in Afghanistan is not getting better, no matter how many soldiers NATO is ready to send, war will not bring peace to this region (or anywhere else for that matter) and fundamental ideology cannot be bombed out of a cave.
Once again, greed and religious hatred have prevailed over peace and freedom

Tuesday 27 October 2009

France's political backstage (I hope you can read french)

Les Français, lassés des trop longues présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac, ont élu Nicolas Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays. Ils espéraient une rupture avec des années d’immobilisme et des idéologies surannées. Ils ont eu une rupture avec les principes qui fondent la nation française. Ils ont été stupéfaits par cet « hyper-président », se saisissant chaque jour d’un nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la gauche, bousculant tous les repères jusqu’à créer une complète confusion.
Comme des enfants qui viennent de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés à se trouver des excuses pour admettre l’ampleur des dégâts et leur naïveté. Ils refusent d’autant plus de voir qui est vraiment Nicolas Sarkozy, qu’ils auraient dû s’en rendre compte depuis longtemps.
C’est que l’homme est habile. Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en offrant sa vie privée en spectacle et en posant dans les magazines people, jusqu’à leur faire oublier son parcours politique.
Que l’on comprenne bien le sens de cet article : il ne s’agit pas de reprocher à M. Sarkozy ses liens familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher d’avoir caché ses attaches aux Français qui ont cru, à tort, élire un homme libre.
Pour comprendre comment un homme en qui tous s’accordent aujourd’hui à voir l’agent des États-Unis et d’Israël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la République française, il nous faut revenir en arrière. Très en arrière. Il nous faut emprunter une longue digression au cours de laquelle nous présenterons les protagonistes qui trouvent aujourd’hui leur revanche.
Secrets de famille
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les services secrets états-uniens s’appuient sur le parrain italo-US Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et pour préparer le débarquement allié en Sicile. Les contacts de Luciano avec les services US passent notamment par Frank Wisner Sr. puis, lorsque le « parrain » est libéré et s’exile en Italie, par son « ambassadeur » corse, Étienne Léandri.
En 1958, les États-Unis, inquiets d’une possible victoire du FLN en Algérie qui ouvrirait l’Afrique du Nord à l’influence soviétique, décident de susciter un coup d’État militaire en France. L’opération est organisée conjointement par la Direction de la planification de la CIA —théoriquement dirigée par Frank Wisner Sr.— et par l’OTAN. Mais Wisner a déjà sombré dans la démence de sorte que c’est son successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup. Depuis Alger, des généraux français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le pouvoir civil parisien et le contraint à voter les pleins pouvoirs au général De Gaulle sans avoir besoin de recourir la force [1].
Or, Charles De Gaulle n’est pas le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler. Dans un premier temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une large autonomie aux territoires d’outre-mer au sein d’une Union française. Mais il est déjà trop tard pour sauver l’Empire français car les peuples colonisés ne croient plus aux promesses de la métropole et exigent leur indépendance. Après avoir conduit victorieusement de féroces campagnes de répression contre les indépendantistes, De Gaulle se rend à l’évidence. Faisant preuve d’une rare sagesse politique, il décide d’accorder à chaque colonie son indépendance.
Cette volte-face est vécue comme une trahison par la plupart de ceux qui l’ont porté au pouvoir. La CIA et l’OTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour l’éliminer, dont un putsch manqué et une quarantaine de tentatives d’assassinat [2]. Toutefois, certains de ses partisans approuvent son évolution politique. Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour le protéger.
Pasqua est à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille d’un bootlegger canadien qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la société Ricard qui, après avoir commercialisé de l’absinthe, un alcool prohibé, se respectabilise en vendant de l’anisette. Cependant, la société continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en relation avec la famille italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano. Il n’est donc pas étonnant que Pasqua fasse appel à Étienne Léandri (« l’ambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros bras et constituer la milice gaulliste [3]. Un troisième homme joue un grand rôle dans la formation du SAC, l’ancien garde du corps de De Gaulle, Achille Peretti —un Corse lui aussi—.
Ainsi défendu, De Gaulle dessine avec panache une politique d’indépendance nationale. Tout en affirmant son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership anglo-saxon. Il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun européen (1961 et 1967) ; Il refuse le déploiement des casques de l’ONU au Congo (1961) ; il encourage les États latino-américains à s’affranchir de l’impérialisme US (discours de Mexico, 1964) ; Il expulse l’OTAN de France et se retire du Commandement intégré de l’Alliance atlantique (1966) ; Il dénonce la Guerre du Viêt-nam (discours de Phnon Penh, 1966) ; Il condamne l’expansionnisme israélien lors de la Guerre des Six jours (1967) ; Il soutient l’indépendance du Québec (discours de Montréal 1967) ; etc.
Simultanément, De Gaulle consolide la puissance de la France en la dotant d’un complexe militaro-industriel incluant la force de dissuasion nucléaire, et en garantissant son approvisionnement énergétique. Il éloigne utilement les encombrants Corses de son entourage en leur confiant des missions à étranger. Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourd’hui Total) [4], tandis que Charles Pasqua devient l’homme de confiance des chefs d’États d’Afrique francophone.
Conscient qu’il ne peut défier les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, De Gaulle s’allie à la famille Rothschild. Il choisit comme Premier ministre le fondé de pouvoir de la Banque, Georges Pompidou. Les deux hommes forment un tandem efficace. L’audace politique du premier ne perd jamais de vue le réalisme économique du second.
Lorsque De Gaulle démissionne, en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la présidence avant d’être emporté par un cancer. Les gaullistes historiques n’admettent pas son leadership et s’inquiètent de son tropisme anglophile. Ils hurlent à la trahison lorsque Pompidou, secondé par le secrétaire général de l’Élysée Edouard Balladur, fait entrer « la perfide Albion » dans le Marché commun européen.
La fabrication de Nicolas Sarkozy
Ce décor étant planté, revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy. Né en 1955, il est le fils d’un noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France après avoir fuit l’Armée rouge, et d’Andrée Mallah, une roturière juive originaire de Thessalonique. Après avoir eu trois enfants (Guillaume, Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy de Nagy-Bocsa se remarie avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants (Pierre-Olivier et Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté dans cette famille recomposée.
Sa mère est devenue la secrétaire d’Achille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. Il avait été élu député et maire de Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de l’Assemblée nationale.
Malheureusement, en 1972, Achille Peretti est gravement mis en cause. Aux États-Unis, le magazine Time révèle l’existence d’une organisation criminelle secrète « l’Union corse » qui contrôlerait une grande partie du trafic de stupéfiants entre l’Europe et l’Amérique, la fameuse « French connexion » qu’Hollywwod devait porter à l’écran. S’appuyant sur des auditions parlementaires et sur ses propres investigations, Time cite le nom d’un chef mafieux, Jean Venturi, arrêté quelques années plus tôt au Canada, et qui n’est autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la société d’alcool Ricard. On évoque le nom de plusieurs familles qui dirigeraient « l’Union corse », dont les Peretti. Achille nie, mais doit renoncer à la présidence de l’Assemblée nationale et échappe même à un « suicide ».
En 1977, Pal Sarkozy se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie alors avec le n°2 de l’administration centrale du département d’État des États-Unis. Elle l’épouse et s’installe avec lui en Amérique. Le monde étant petit, c’est bien connu, son mari n’est autre que Frank Wisner Jr., fils du précédent. Les fonctions de Junior à la CIA ne sont pas connues, mais il clair qu’il y joue un rôle important. Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son demi-frère et de sa demi-sœur, commence à se tourner vers les États-Unis où il « bénéficie » des programmes de formation du département d’État.
À la même période, Nicolas Sarkozy adhère au parti gaulliste. Il y fréquente d’autant plus rapidement Charles Pasqua que celui-ci n’est pas seulement un leader national, mais aussi le responsable de la section départementale des Hauts-de-Seine.
En 1982, Nicolas Sarkozy, ayant terminé ses études de droit et s’étant inscrit au barreau, épouse la nièce d’Achille Peretti. Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant qu’avocat, Me Sarkozy défend les intérêts des amis corses de ses mentors. Il acquiert une propriété sur l’île de beauté, à Vico, et imagine de corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i » : Sarkozi.
L’année suivante, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son bel-oncle, Achille Peretti, terrassé par une crise cardiaque.
Cependant, Nicolas ne tarde pas à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison cachée avec Cécilia, l’épouse du plus célèbre animateur de télévision français de l’époque, Jacques Martin, dont il a fait la connaissance en célébrant leur mariage en qualité de maire de Neuilly. Cette double vie dure cinq ans, avant que les amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour construire un nouveau foyer.
Nicolas est le témoin de mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un éditorialiste du Figaro. Il ne peut s’empêcher de séduire Claude et de mener une brève relation avec elle, tandis qu’il vit officiellement avec Cécilia. Le mari trompé se suicide en absorbant des drogues. La rupture est brutale et sans retour entre les Chirac et Nicolas Sarkozy.
En 1993, la gauche perd les élections législatives. Le président François Mitterrand refuse de démissionner et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite. Jacques Chirac, qui ambitionne la présidence et pense alors former avec Edouard Balladur un tandem comparable à celui de De Gaulle et Pompidou, refuse d’être à nouveau Premier ministre et laisse la place à son « ami de trente ans », Edouard Balladur. Malgré son passé sulfureux, Charles Pasqua devient ministre de l’Intérieur. S’il conserve la haute main sur la marijuana marocaine, il profite de sa situation pour légaliser ses autres activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et courses en Afrique francophone. Il tisse aussi des liens en Arabie saoudite et en Israël et devient officier d’honneur du Mossad. Nicolas Sarkozy, quant à lui, est ministre du Budget et porte-parole du gouvernement.
À Washington, Frank Wisner Jr. a pris la succession de Paul Wolfowitz comme responsable de la planification politique au département de la Défense. Personne ne remarque les liens qui l’unissent au porte-parole du gouvernement français.
C’est alors que reprend au sein du parti gaulliste la tension que l’on avait connu trente ans plus tôt entre les gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur. La nouveauté, c’est que Charles Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy trahissent Jacques Chirac pour se rapprocher du courant Rothschild. Tout dérape. Le conflit atteindra son apogée en 1995 lorsque Édouard Balladur se présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à l’élection présidentielle, et sera battu. Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington, le gouvernement Balladur ouvre les négociations d’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN des États d’Europe centrale et orientale, affranchis de la tutelle soviétique.
Rien ne va plus dans le parti gaulliste où les amis d’hier sont près de s’entre-tuer. Pour financer sa campagne électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse noire du parti gaulliste, cachée dans la double comptabilité du pétrolier Elf. À peine le vieux Étienne Léandri mort, les juges perquisitionnent la société et ses dirigeants sont incarcérés. Mais Balladur, Pasqua et Sarkozy ne parviendront jamais à récupérer le magot.
La traversée du désert
Tout au long de son premier mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy à distance. L’homme se fait discret durant cette longue traversée du désert. Discrètement, il continue à nouer des relations dans les cercles financiers.
En 1996, Nicolas Sarkozy ayant enfin réussi à clore une procédure de divorce qui n’en finissait pas se marie avec Cécilia. Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et Bernard Arnaud (l’homme le plus riche du pays).
Dernier acte
Bien avant la crise irakienne, Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction du courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Ils agissent en trois temps : d’abord l’élimination de la direction du parti gaulliste et la prise de contrôle de cet appareil, puis l’élimination du principal rival de droite et l’investiture du parti gaulliste à l’élection présidentielle, enfin l’élimination de tout challenger sérieux à gauche de manière à être certain d’emporter l’élection présidentielle.
Pendant des années, les médias sont tenus en haleine par les révélations posthumes d’un promoteur immobilier. Avant de décéder d’une grave maladie, il a enregistré pour une raison jamais élucidée une confession en vidéo. Pour une raison encore plus obscure, la « cassette » échoue dans les mains d’un hiérarque du Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, qui la fait parvenir indirectement à la presse.
Si les aveux du promoteur ne débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent une boîte de Pandore. La principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain Juppé. Pour protéger Chirac, il assume seul toutes les infractions pénales. La mise à l’écart de Juppé laisse la voie libre à Nicolas Sarkozy pour prendre la direction du parti gaulliste.
Sarkozy exploite alors sa position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au gouvernement, malgré leur haine réciproque. Il sera en définitive, ministre de l’Intérieur. Erreur ! À ce poste, il contrôle les préfets et de le renseignement intérieur qu’il utilise pour noyauter les grandes administrations.
Il s’occupe aussi des affaires corses. Le préfet Claude Érignac a été assassiné. Bien qu’il n’ait pas été revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par les indépendantistes à la République. Après une longue traque, la police parvient à arrêter un suspect en fuite, Yvan Colonna, fils d’un député socialiste. Faisant fi de la présomption d’innocence, Nicolas Sarkozy annonce cette interpellation en accusant le suspect d’être l’assassin. C’est que la nouvelle est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de l’Intérieur organise en Corse pour modifier le statut de l’île. Quoi qu’il en soit, les électeurs rejettent le projet Sarkozy qui, selon certains, favorise les intérêts mafieux.
Bien qu’Yvan Colonna ait ultérieurement été reconnu coupable, il a toujours clamé son innocence et aucune preuve matérielle n’a été trouvée contre lui. Étrangement, l’homme s’est muré dans le silence, préférant être condamné que de révéler ce qu’il sait.
Nous révélons ici que le préfet Érignac n’a pas été tué par des nationalistes, mais abattu par un tueur à gage, immédiatement exfiltré vers l’Angola où il a été engagé à la sécurité du groupe Elf. Le mobile du crime était précisément lié aux fonctions antérieures d’Érignac, responsable des réseaux africains de Charles Pasqua au ministère de la Coopération. Quand à Yvan Colonna, c’est un ami personnel de Nicolas Sarkozy depuis des décennies et leurs enfants se sont fréquentés.
Une nouvelle affaire éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement plusieurs personnalités de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez Clearstream. Parmi les personnalités diffamées : Nicolas Sarkozy. Il porte plainte et sous-entend que son rival de droite à l’élection présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette machination. Il ne cache pas son intention de le faire jeter en prison.
En réalité, les faux listings ont été mis en circulation par des membres de la Fondation franco-américaine [5], dont John Negroponte était président et dont Frank Wisner Jr. est administrateur. Ce que les juges ignorent et que nous révélons ici, c’est que les listings ont été fabriqués à Londres par une officine commune de la CIA et du MI6, Hakluyt & Co, dont Frank Wisner Jr. est également administrateur.
Villepin se défend de ce dont on l’accuse, mais il est mis en examen, assigné à résidence et, de facto, écarté provisoirement de la vie politique. La voie est libre à droite pour Nicolas Sarkozy.
Reste à neutraliser les candidatures d’opposition. Les cotisations d’adhésion au parti socialistes sont réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants. Soudainement des milliers de jeunes prennent leur carte. Parmi eux, au moins dix mille nouveaux adhérents sont en réalité des militants du Parti trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre Lambert). Cette petite formation d’extrême gauche s’est historiquement mise au service de la CIA contre les communistes staliniens durant la Guerre froide (Elle est l’équivalent du SD/USA de Max Shatchman, qui a formé les néoconservateurs aux USA [6]). Ce n’est pas la première fois que les « lambertistes » infiltrent le Parti socialiste. Ils y ont notamment placé deux célèbres agents de la CIA : Lionel Jospin (qui est devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le principal conseiller de Dominique Strauss-Kahn [7].
Des primaires sont organisées au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle. Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius et Ségolène Royal. Seul le premier représente un danger pour Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn entre dans la course avec pour mission d’éliminer Fabius au dernier moment. Ce qu’il sera en mesure de faire grâce aux votes des militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur suffrages non pas sur son nom, mais sur celui de Royal.
L’opération est possible parce que Strauss-Kahn est depuis longtemps sur le payroll des États-Unis. Les Français ignorent qu’il donne des cours à Stanford, où il a été embauché par le prévot de l’université, Condoleezza Rice [8].
Dès sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy et Condoleezza Rice remercieront Strauss-Kahn en le faisant élire à la direction du Fonds monétaire international.
Premiers jours à l’Élysée
Le soir du second tour de l’élection présidentielle, lorsque les instituts de sondages annoncent sa victoire probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation depuis son QG de campagne. Puis, contrairement à tous les usages, il ne va pas faire la fête avec les militants de son parti, mais il se rend au Fouquet’s. La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était jadis le rendez-vous de « l’Union corse » est aujourd’hui la propriété du casinotier Dominique Desseigne. Il a été mis à disposition du président élu pour y recevoir ses amis et les principaux donateurs de sa campagne. Une centaine d’invités s’y bousculent, les hommes les plus riches de France y côtoient les patrons de casinos.
Puis le président élu s’offre quelques jours de repos bien mérités. Conduit en Falcon-900 privé à Malte, il s’y repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré, un milliardaire formé à la Banque Rothschild.
Enfin, Nicolas Sarkozy est investi président de la République française. Le premier décret qu’il signe n’est pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses amis Desseigne et Partouche à multiplier les machines à sous.
Il forme son équipe de travail et son gouvernement. Sans surprise, on y retrouve un bien trouble propriétaire de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le lobbyiste des casinos de l’ami Desseigne (qui devient porte-parole du parti « gaulliste »).
Nicolas Sarkozy s’appuie avant tout sur quatre hommes :
- Claude Guéant, secrétaire général du palais de l’Élysée. C’est l’ancien bras droit de Charles Pasqua.
- François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Élysée. C’est un associé-gérant de la Banque Rothschild.
- Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique. Fils de l’ancien directeur de l’Agence juive. Ambassadeur de France à l’ONU, il fut relevé de ses fonctions par Chirac qui le jugeait trop proche de George Bush.
- Alain Bauer, l’homme de l’ombre. Son nom n’apparaît pas dans les annuaires. Il est chargé des services de renseignement. Ancien Grand-Maître du Grand Orient de France (la principale obédience maçonnique française) et ancien n°2 de la National Security Agency états-unienne en Europe [9].
Frank Wisner Jr., qui a été nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour l’indépendance du Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires étrangères avec une double mission prioritaire : l’indépendance du Kosovo et la liquidation de la politique arabe de la France.
Kouchner a débuté sa carrière en participant à la création d’une ONG humanitaire. Grâce aux financements de la National Endowment for Democracy, il a participé aux opérations de Zbigniew Brzezinski en Afghanistan, aux côtés d’Oussama Ben Laden et des frères Karzaï contre les Soviétiques. On le retrouve dans les années 90 auprès d’Alija Izetbegoviç en Bosnie-Herzégovine. De 1999 à 2001, il a été Haut représentant de l’ONU au Kosovo.
Sous le contrôle de Wali, le frère cadet du président Hamid Karzaï, l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial de pavot. Le suc est transformé sur place en héroïne et transporté par l’US Air Force à Camp Bondsteed (Kosovo). Là, la drogue est prise en charge par les hommes d’Haçim Thaçi qui l’écoulent principalement en Europe et accessoirement aux États-Unis [10]. Les bénéfices sont utilisés pour financer les opérations illégales de la CIA.
Karzaï et Thaçi sont des amis personnels de longue date de Bernard Kouchner, qui certainement ignore leurs activités criminelles malgré les rapports internationaux qui y ont été consacrés.
Pour complèter son gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances. Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a dirigé le prestigieux cabinet de juristes Baker & McKenzie. Au sein du Center for International & Strategic Studies de Dick Cheney, elle a co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail qui a supervisé les privatisations en Pologne. Elle a organisé un intense lobbying pour le compte de Lockheed Martin contre les l’avionneur français Dassault [11].
Nouvelle escapade durant l’été. Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs enfants se font offrir des vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président Bush. La facture, cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un banquier d’affaires italo-new-yorkais, sioniste et néo-conservateur pur sucre qui s’exprime dans Commentary, la revue de l’American Jewish Committee.
La réussite de Nicolas rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé « d’Oliver », il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la CIA après avoir été recruté par Frank Wisner Sr.) [12] directeur d’un nouveau fonds de placement du Carlyle Group (la société commune de gestion de portefeuille des Bush et des Ben Laden) [13]. Sans qualité personnelle particulière, il est devenu le 5e noueur de deals dans le monde et gère les principaux avoirs des fonds souverains du Koweit et de Singapour.
La cote de popularité du président est en chute libre dans les sondages. L’un de ses conseillers en communication, Jacques Séguéla, préconise de détourner l’attention du public avec de nouvelles « people stories ». L’annonce du divorce avec Cécilia est publiée par Libération, le journal de son ami Edouard de Rothschild, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève générale. Plus fort encore, le communiquant organise une rencontre avec l’artiste et ex-mannequin, Carla Bruni. Quelques jours plus tard, sa liaison avec le président est officialisée et le battage médiatique couvre à nouveau les critiques politiques. Quelques semaines encore et c’est le troisième mariage de Nicolas. Cette fois, il choisit comme témoins Mathilde Agostinelli (l’épouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild.
Quand les Français auront-ils des yeux pour voir à qui ils ont affaire ?
Thierry Meyssan
Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).
Les articles de cet auteur
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Profile ; 16 juin 2008Les informations contenues dans cet article ont été présentées par Thierry Meyssan lors de la table ronde de clôture de l’Eurasian Media Forum (Kazakhstan, 25 avril 2008) consacrée à la peopolisation et au glamour en politique.
L’intérêt suscite par ces informations a conduit l’auteur à rédiger le présent article qui a été publié par Profile, le principal news magazine russe actuel (édition du 16 juin 2008), sous le titre « ОПЕРАЦИЯ САРКОЗИ ».
Plusieurs versions et traductions non autorisées de cet article ont été diffusées alors que le site du Réseau Voltaire était hors service. Nous vous prions de considérer le présent article comme le seul valide.
[1] « Quand le stay-behind portait De Gaulle au pouvoir », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 27 août 2001
[2] « Quand le stay-behind voulait remplacer De Gaulle », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 10 septembre 2001
[3] L’Énigme Pasqua, par Thierry Meyssan, Golias ed, 2000.
[4] Les requins. Un réseau au cœur des affaires, par Julien Caumer, Flammarion, 1999.
[5] « Un relais des États-Unis en France : la French American Foundation », par Pierre Hillard, Réseau Voltaire, 19 avril 2007.
[6] « Les New York Intellectuals et l’invention du néo-conservatisme », par Denis Boneau, Réseau Voltaire, 26 novembre 2004.
[7] Le responsable US du renseignement, Irving Brown en personne, a revendiqué avoir lui-même recruté et formé MM. Jospin et Cambadélis pour lutter contre les staliniens alors qu’ils militaient chez les lambertistes pour, cf. Éminences grises, Roger Faligot et Rémi Kauffer, Fayard, 1992 ; « The Origin of CIA Financing of AFL Programs » in Covert Action Quaterly, n° 76, 1999. Il importe d’éviter une interprétation anachronique : leur engagement au service des USA est celui d’atlantistes durant la Guerre froide. Au-delà, il les conduira, par exemple, en 1999, à jouer un rôle central dans l’engagement de Paris au sein de l’OTAN pour bombarder Belgrade, pourtant allié traditionnel de la France. De même, il importe d’éviter les fausses équivalences : la collaboration de Nicolas Sarkozy avec les USA ne s’est pas développée sur une base idéologique, mais relationnelle et carriériste (note modifiée le 27 juillet 2008 en réponse à des lecteurs).
[8] « Dominique Strauss-Kahn, l’homme de « Condi » au FMI », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 5 octobre 2007.
[9] « Alain Bauer, de la SAIC au GOdF », Note d’information du Réseau Voltaire, 1er octobre 2000.
[10] « Le gouvernement kosovar et le crime organisé », par Jürgen Roth, Horizons et débats, 8 avril 2008.
[11] « Avec Christine Lagarde, l’industrie US entre au gouvernement français », Réseau Voltaire, 22 juin 2005.
[12] « L’honorable Frank Carlucci », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 11 février 2004.
[13] « Les liens financiers occultes des Bush et des Ben Laden » et « Le Carlyle Group, une affaire d’initiés », Réseau Voltaire, 16 octobre 2001 et 9 février 2004.

27/10/2009 - We start thriving

This blog has been created for many reasons, but mostly in order to share our views of the World, to give our ten cents on the news.
Be warned, my theories can often be considered paranoid or conspirational but I have a very simple way of explaining shady news:
Who benefits from it ?
I will try to analyse the daily news and give you an overview of why this happened and mostly I will also try to give you an alternative to the propaganda that is broadcasted (FOX news for example).
I hope we can thrive intellectually and share our views.
My motto: no theory is too crazy